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Taïwan, est l’une des îles du Pacifique. Dans le sang de ses " peuples océan " coule un magnifique esprit, mais aussi une beauté subtile. Si les gens se reposent, s’abandonnent, les cœurs et les yeux, eux, ne s’arrêtent jamais de vagabonder. Quand ils se posent quelque part, les yeux et les mains capturent et explorent quelque chose constamment.

En se penchant sur l’intérêt des photographes taïwanais au sujet du " paysage ", on découvre que les cheminements variés de leur imagerie mentale, de leur état d’esprit, se complètent et renforcent la richesse de la culture taïwanaise.
De plus, grâce à l’environnement géographique diversifié et à l’arrière-plan historique complexe de Taïwan, les photographes ont pu inventer " une " image photographique particulière.

Le " style taïwanais " répond subtilement à l’attention actuelle qui se porte sur le multiculturalisme. Celui-ci est porteur de la culture européenne de style colonial, de la structure concise et élégante du Japon, de la saveur de l’esthétique traditionnelle chinoise ainsi que des symboles et des émotions locaux.
Ici, je ne songe pas à catégoriser globalement " l’art taïwanais ", qui est à la fois florissant et diversifié, mais à préciser les concepts créatifs et les formes d’art des artistes taïwanais. J’aimerais aussi par une approche ouverte de leur travail, inviter les publics internationaux à explorer conjointement leurs secrets.

L’étymologique occidentale nous dite que le mot " paysage " se réfère à un espace limité, défini par un observateur, à partir d’un point de vue particulier, horizontal ou vertical. Visuellement, il contient des lignes, des caractéristiques et des formes qui constituent un espace. Le thème du paysage se développe ainsi comme une vue d’ensemble incluant une perspective humaniste.

Depuis le XVIIe siècle, la peinture occidentale du paysage a beaucoup changé. Une des caractéristiques de la peinture à l’huile est qu’il faut travailler à plusieurs reprises sur la toile qui devient ainsi le support qui recueillant les images des objets représentés à différents moments. Un paysage peint est en constante évolution, sous l’action des yeux et des mains de l’artiste. Autrement dit, un paysage tend à s’approcher de l’image que projettent ses pensées intérieures. Poursuivant l’élaboration de la théorie de l’art moderne, Paul Klee remarque que " l’art ne reproduit pas le visible. Il rend visible ". Ainsi, un " sujet " comme le paysage peut éveiller l’imagination et l’émotion intérieures des artistes.

Cependant, un " paysage " ne peut naturellement pas concilier à la fois contexte oriental et contexte occidental. De plus, certaines connotations humanistes sont différentes dans les deux sphères culturelles.

Le mot " paysage ", dans le contexte culturel oriental, est interprété en terme de " Shan-Shui " (Montagne et Eau) tant dans les domaines artistique que littéraire, et il joue un rôle essentiel dans l’esthétique chinoise traditionnelle. Depuis l’époque ancienne, les lettrés ont souvent exprimé leurs sentiments au travers du " Shan-Shui ". Cette " notion " est utilisée pour explorer la relation entre l’homme et la nature, que ce soit par la voie de l’imitation de la nature, l’intégration du ciel et de l’homme, ou bien le respect de l’ancien et du ciel. Tous ces mots reflètent la philosophie de l’univers et la pensée intérieure propres à la culture chinoise. Par ailleurs, en disant en chinois " l’homme de bienveillance appréciera la montagne, le sage aimera l’eau ", le " Shan-Shui " devient la projection de l’esprit des gens. En même temps, en observant et en réfléchissant au moyen du " Shan-Shui ", on atteindra la sublimation spirituelle et la sophistication de la pensée rationnelle. À l’époque moderne, avec l’émergence de la forme photographique, on continue de s’intéresser au thème du " paysage ". Ce cheminement est porté par le désir de découvrir l’esprit intérieur, ses diverses manifestations et ses caractéristiques visuelles.

Par conséquent, la représentation contemporaine du " paysage ", à la fois en Occident et en Orient, participe au développement de la nature humaine " universelle ". La rencontre entre photographes orientaux et occidentaux est l’occasion d’un échange renforçant cette exploration de l’esprit.

Les œuvres des photographes taïwanais contemporains reposent sur un certain nombre de concepts-clés qui s’articulent souvent par deux.

T- Témoignage &Temporalité 見證與時間性
Lorsqu’un photographe fixe un instant fugitif sur un cliché, il ne se contente pas de faire une sorte d’empreinte du réel, d’un paysage par exemple. L’image qu’il saisit peut-être non seulement le témoignage de la physionomie d’un paysage, de l’esprit de lieu, d’une des multiples facettes de l’être humain, mais également le reflet de son état d'esprit. Cette image est donc duelle : image reflétant l'extérieur et image incarnant l’espace intérieur de l’artiste en un jeu de résonance réciproque. Elle est à la fois la preuve d’une réalité objective et la révélation d’une vérité intime.
De plus deux temporalités s’imposent dans les images photographiques qui, on le sait, entretiennent une
relation privilégiée avec le temps. Étant une transcription fidèle du réel, une image d’un paysage baigné de lumière changeante, des fragments de vie immortalisés pour résister à l’écoulement du temps, il apparaît que la photographie fixe l'éternité dans un instant figeant ainsi le contenu narratif de sujets que des créateurs peuvent vouloir exploiter. Dans une photographie, est mise en jeu une temporalité “réaliste” qui correspond aux rythmes réels, autrement dit, qui enregistre des objets dans une instantanéité et une temporalité “abstraite” qui constitue un moyen d’expression permettant de transmettre une idée, un sentiment, voire une pensée de type surréaliste dans la " présence réelle " de l’image.

A- Aspect Artistique & Altération 藝術性與變動轉化
La photographie a beaucoup évolué au cours du XXe siècle, mais elle se divise néanmoins en deux champs distincts celui de la photographie documentaire et celui la photographie plasticienne, plus proche du monde de l’art. Cependant, ces deux grands courant ne cessent de se croiser et de se répondre mutuellement. “L’art” se manifeste souvent par la transformation ou l’altération d’un objet par une démarche artistique. C’est donc à la fois un processus de création et un résultat. Pour les artistes taïwanais, la création d'une œuvre ne se fonde pas seulement sur l’association de différentes composantes tels que les couleurs, les lignes, les éléments, les formes, ou sur les pratiques artistiques telles que le photomontage, la mise en abyme, le jeu de texture... etc. Ce qui compte surtout pour eux, ce sont les éléments spirituels et culturels sous-jacents, tels que l'esthétique orientale, les réflexions philosophiques des lettrés, la spiritualité, et la moralité...etc. Les artistes taïwanais puisent leur inspiration à un grand nombre de sources, celle de la poésie, de la littérature, ou de la musique, mais ils tiennent aussi à porter un regard humaniste sur le monde.

I- Image & Image Intérieure 心象投射與觀物取象
“L’image” est une notion clé des esthétiques extrême-orientales que l’on évoque l’emploi des figures emblématiques

dans l'exploitation de leur dimension métaphorique, la transmission des émotions, des sentiments et des pensées, la prétendue " observation " les êtres pour en saisir les images(觀物取象).
Ces images offrent une représentation des objets perçus par l'œil, mais elles la connectent à la sensibilité qui entre inévitablement en jeu dans la perception du réel. Ce que l’artiste cherche à transcrire, c’est une dimension visuelle dans laquelle le nuage ou la lumière peuvent refléter son état d'âme du moment.

En outre, en vue d’“établir l’image pour en saisir tout le sens(立象以盡意)” , certains photographes réalisent des images riches de sens dans lesquelles, par exemple, les montages, l’eau ou les fenêtres, revêtent de multiples dimensions symboliques. Ces images peuvent s’interpréter à la fois comme étant une représentation du monde et une projection du monde “intérieur” des photographes. Ceux qui photographient invitent ainsi des spectateurs à entrer dans leur univers et à découvrir leurs pensées.

W- Water & Wave, L’eau et sa symbolique 水的美學與波光
Des Anciens aux Modernes, de l'Orient à l'Occident, les artistes témoignent d'une fascination commune pour l’eau. L’élément liquide est doté d'une grande richesse visuelle. De nombreuses œuvres ont pour sujet la vibration des reflets sur l'eau, l’écoulement du fleuve, la dynamique puissante des cascades ou des mers, l'immensité de l'océan, etc...
Particulièrement dans la culture asiatique, l’eau fait toujours l’objet de réflexions philosophiques et spirituelles. Dans le Canon de la Voie de la Vertu(道德經),par exemple, Lao-tseu fait l'éloge de l’eau : “L'eau excelle à faire du bien aux êtres et ne lutte point”. Il considère que “ La vertu supérieure des êtres humains est comme l’eau”. La complexité de l'eau et sa beauté font vibrer le regard et le coeur des artistes et invitent à méditer ensemble. Ce sont des sources inépuisables d'inspiration. Pour les artistes taïwanais, issus des peuples océaniques, l’eau nourrit abondamment leur imaginaire et implique leur œuvres dans des jeux significations sous-jacentes. Les vagues peuvent manifester l’état mental, calme ou troublé, des artistes et se contituer ainsi en métaphore de l'inconscient.

A- Abstraction Lyrique & le Regard Analytique 分析與抒情抽象
L’art occidental a évolué d’un art basé sur la figuration vers un art que l’on dit « abstrait », tandis que la peinture chinoise se caractérise, elle, par deux styles : le style réaliste méticuleux et “xieyi”, le style elliptique improvisé qui laisse libre cours aux impressions et aux émotions. Dans l’approche “xieyi”, la libre expression de sentiments se fait le plus souvent par l'évocation d'une réalité imaginaire et non-figurative. De ce style résulte une esthétique spécifique à l’art chinois qui s'adresse à notre dimension spirituelle et à notre sens poétique.
Dans “ l’abstraction lyrique” , qui vise à l'expression directe de l'émotion individuelle dans la peinture moderne, on retrouve cette volonté d'expression pure et libre. C’est elle qui permet d’instaurer un rapprochement entre esthétique occidentale et esthétique orientale.
Le courant de l’art contemporain qui a mis l’accent sur le développement du concept, demande aux artistes de privilégier dans la réalisation de leur œuvre, une approche analytique et d’étudier la forme, la composition, les
éléments et la signification comme composantes de l’oeuvre. Trois démarches coexistent donc en vue de la création d’une oeuvre d’art, l’une qui tend à l’harmonie, les autres qui se basent sur l’opposition entre la sensibilité spontanée et la pensée rationnelle.

N- La Culture Natale & L’Aspect Narratif 文化母體與敘事性
Le paysage, comme sujet, peut être un thème local comme global. Cette exposition, «Rêver la terre», réunit deux idées : l’une se manifeste comme un état surréel et imaginaire ; l’autre se présente comme une “ matrice culturelle ” et originaire. Certaines oeuvres de photographes taïwanais mettent en scène leurs sentiments sur leur terre natale comme sur des pays lointains, ce qui les conduit à créer un monde virtuel où l’imaginaire se confond avec le réel. Par leurs cadrages conscients, ils saisissent des fragments de réalité au moyen desquels ils traduisent leurs émotions, leurs impressions, leurs rêves, leurs souvenirs. Ces images s'élaborent à partir d'une sorte de “ matrice” socio-cuturelle. La “création artistique” est une activité qui consiste en l’invention d’un " univers " qui se révèle pendant le processus de création, qui associe un regard, un sujet et un instant qui finissent par révéler des influences multiculturelles et des temporalités différentes.

Profondément influencés par le mouvement de “ taïwanisation”, qui se caractérise par une attention particulière portée à l’identité culturelle taiwanaise, les photographes présentés ici développent une perspective originale axée sur une esthétique fictionnelle et narrative. Ils restituent fidèlement la réalité perçue qu’ils captent sur le vif, soignent leur cadrage et façonnent leur composition, ce qui aboutit à des tirages d'images aux connotations riches. Afin d'accentuer “l'aspect narratif “ de leur travail, certains d'entre eux privilégient des techniques telles que le photomontage et la superposition qui leur permet de recomposer une multitude d’images à la façon d’une mosaïque.

De plus, «Rêver la terre» tente de présenter ce qui peut constituer un fond commun entre l’histoire d’une communauté et la vision d’un individu. L’ensemble des oeuvres présentées ici constitue une rétrospective historique de la photographie de paysage à Taïwan. Le “paysage” de ce point de vue historique, permet d’appréhender l’évolution qui conduit d’une photographie réaliste à une photographie artistique.

LEE Ming -Tiao, l’un des maître de la génération de la photographie réaliste. Grâce à son œil aiguisé, sa parfaite maîtrise de la lumière et de la composition, il nous enchante par un travail d’une grande complexité narrative. Sa mise en scène et son attention humaniste font de lui le maître de l’avant-garde de la photographie moderne à Taïwan.

CHUANG Ling dit “que la photographie rend naturellement tous les paysages visibles , afin que tous puissent se fondre dans la nature étendue .”
Pendant plus de 60 ans, il a exploré diverses approches de la pratique réaliste, documentaire dans une recherche
purement figurative et esthétique. Il s'est finalement rendu compte que la photographie qui était un moyen d'atteindre la représentation exacte du réel, était aussi un outil de sublimation. Il se voue désormais à la “nature” qui est, selon lui, le seul concept qui permette de tenir ensemble les différents points de vue de l’esthétique réaliste, et de la modernité. Son regard aigu, sa conscience de soi, son approche simple et délicate dans un rendu fidèle des objets, font écho à sa philosophie de la vie. Dans ces oeuvres, il met sur la même ligne son œil et son cœur. Photographier, c'est pour lui, une façon de livrer une part de son âme, une façon de vivre.

Photographier, pour QUO Ying-Sheng, c’est comme raconter son intimité. Ses images de lieux et les instants du quotidien saisis sur le vif se présentent comme les témoignages de ses émotions et de son vécu. Il transforme ce qu’il voit en une sorte de pensée intérieure. Une image de “ grandes herbes sous le vent” peut être une représentation métaphorique de variations émotionnelles. Il exprime ses sentiments qui sont invisibles à travers un objet et sa figuration. Chaque cliché met en scène un “déjà- là” qui se fige pour l'éternité et propose ainsi une dialectique entre réel et imaginaire, entre passé et présent.

Les images abstraites et lyriques présentées dans la série « Rhapsodie en bleu » sont obtenues par la recomposition des découpes de détails agrandis de paysages photographiés divers. Par cette manipulation, SUAN Hooi-Wah tente et parvient à simuler les traits de pinceau de la peinture traditionnelle chinoise de paysage, un art du trait qui joue sur les modulations de l'encre de façon libre et impromptue, pour créer des paysages monochromes aux tonalités riches et délicates. Ses images comme une rhapsodie résultent de ses recherches successives. Ce que l’on découvre dans la fraîcheur, la beauté, la fluidité et le lyrisme de son travail, c’est aussi une expression sans contrainte sa liberté d’esprit. Ses images réveillent en nous des résonances profondes.

Dans la série « Au-delà des reflets de l'eau sur la mer», CHIANG Ssu-Hsien vise à extraire l’essentiel d’une réalité du paysage prise sur le vif. Par les effets de contrastes ombre-lumière, il transforme le paysage et restitue un univers visuel onirique. Ces photos sont les traces de sa présence dans le lieu, de son temps passé, de jour comme de nuit au bord de la mer, mais ce sont aussi ses pensées abstraites traduites en images, des pensées riches en métaphores. L’horizon est cette ligne qui sépare mer et ciel, mais c’est aussi une ligne temporelle, celle qui sépare le jour et la nuit. Son travail et ses réflexions reposant sur la dualité:yin-yang , souffrance-plaisir, constant-changeant, vide-plein etc, renvoient à l’ordre cosmique évoqué par de nombreux philosophes orientaux, tous les êtres, toutes les affaires, suivant une mutation cyclique entre la vie et la mort.

L’ensemble des photos de la série « La Terre, à ’Infini (Endlessness.Mood) » que CHANG Hung-Sheng a réalisé en 2007, est le fruit d’une synthèse numérique, car pour lui, c’est là le seul moyen de représenter sa réalité mentale. Par l’assemblage et la recomposition d’éléments symboliques, il reconstitue son monde «intérieur» qu’un seul cliché de «l’extérieur » n’arrive pas à montrer pleinement. Il aborde les thèmes de la vérité, de l'amour et de la solitude avec ces images d’une simplicité austère qui laissent place à une interprétation libre. Selon lui, « tous ces paysages recréés sont des paysages qui reflètent un état d'âme» et donc un« paysage intérieur» au sens propre. Avec la série «Le Ciel, la Terre et l’Homme (Heaven.Earth.People) » réalisée en 2009, il convoque trois entités agissantes, les trois puissances que sont le Ciel, la Terre et l'Homme, comme ils sont présentés dans Le livre des Trois Caractères(三字經).

Ces entités et ces notions trouvent leur origine dans Le Livre des Mutations(周易), selon lequel le ciel (l'unité yin/ yang), la terre (l'unité flexibilité/rigidité), et l’homme (l'unité bonté/justice) son trois éléments essentiels à la vie. Dans ses images, il construit des paysages fictifs par des compostions de lignes, la maîtrise des effets de lumière et des formes du corps humain, ce qui lui permet de formaliser des questions métaphysiques et philosophiques liées à l’esthétique orientale et à son approche du cosmos et de la vie et de l’existence humaine.

Toutes les photographies de la série «Contemplation, Réflexion, Rocher Ancien» ont été prises entre 1985 et 1977 sur le littoral nord-est Yeh Liu de Taiwan. LU Liang-Yeavn contemple la mer, les vagues et les rochers à l’érosion particulière, et il les immortalise en des images qui vont au-delà du visible. Il en fait le reflet d’une pensée, d’un sentiment ou d’une sensation. Il nous oriente vers l’état originaire d’un objet. Il pense que l’esthétique naît de la contemplation et de la prise en compte de l’écart entre réalité et imagination. Une image est une reproduction visuelle pleine de connotations que chaque spectateur peut interpréter à sa guise. Ces images sont à la fois les témoignages fidèles de ses réflexions sur la nature et sur l’ordre cosmique. Pendant les moments où l’auteur fait de la photo, il vit à la fois avec le changement des saisons et les rochers sculptés par le temps long de l’évolution.

Dans la série « Les images de l’encre», par la mise en scène soignée de colonnes et d’escaliers, HUNG Shih- Tsung capture des images d’une grande force narrative et fantasmatique. Par les nuances infinies de lumière et d'ombre qui séparent le blanc du noir, par la maîtrise de la profondeur de champ qui met en place un contraste efficace entre l’avant-plan ou l’arrière-plan, il impose dans ses images un climat dramatique. On remarque aussi le rythme que créent les colonnes et la dynamique de l’eau. Par ces images qui révèlent la dialectique entre mobilité et immobilité, HUNG nous invite à aller au-delà des apparences et à explorer le fond de notre coeur.

Dans la série « Images de mémoire bizarres » réalisée en 2009, HUNG prend en photo des bâtiments vacants, déserts, et ensuite, en manipulant les techniques de montage et de synthèse, il recrée une image d’un lieu de vie “in situ”. Par les choix des fragments symboliques, il imagine des histoires qui se passent dans l’avenir ou des histoires qui n’ont pas eu lieu là.

Avec la série « Les paysages regardés», HUANG Wen-Yung aborde la question de la relation entre le regardant et le regardé, entre créateur et créatures à travers la représentations de paysages. Il pose ainsi des questions sur des enjeux esthétiques (beauté, laideur) qui sont subjectifs. Il peut superposer une image qui évoque la laideur sur une image de paysage soignée et retouchée selon les standards d’une certaine beauté, pour produire un effet de contraste qui nous conduit à une réflexion sur le caractère subjectif de toutes les productions visuelles humaines. Une image de paysage porte donc l'empreinte personnelle de l’auteur. Elle est imprégnée par ses propres préjugés et opinions. Par la synthèse numérique des images, chaque photographie de cette série n’est plus la saisie d’un moment décisif permettant d’exprimer un sentiment, mais une reconstruction de la réalité d’un monde mental par l’assemblage d’images de plusieurs instants. Chaque image revêt ainsi de multiples symboles, elle est comme un poème lyrique silencieux dans lequel l’auteur s’exprime pleinement.

De son errance visuelle aux quatre coins du monde, HUANG Hua-An mène une recherche esthétique orientalisante. Cette série « Chemin d'Étoiles » rassemble les images, les poèmes et les textes réalisés pendant ses divers voyages. Le cadrage, le choix et la composition des éléments évoquent ses sentiments, ses désirs et ses pensées. Il en propose une représentation sans fard , celle de son univers mental. En cherchant la solitude la plus complète et une grande liberté, l’auteur tend l'oreille pour mieux écouter les chuchotements qui montent du fond de son coeur. Grâce à l’harmonie qu’il instaure entre poème et image, une atmosphère onirique et subjective enveloppe ses photos qui contiennent aussi un caractère objectif. Car c’est aussi un observateur des vicissitudes des saisons et des paysages de leurs variations au cours du temps. Avec son objectif, il instaure un regard distancié et même détaché sur ce monde changeant.

CHANG Chung-Liang est un voyageur qui flâne dans le temps et l’espace qui cherche à souligner la valeur symbolique variable des «fenêtres» dans la série intitulée «La Fenêtre miroitée. Transparente » qui se compose d’images réalisées à partir de photomontages. La fenêtre apparaît ici comme un objet transitionnel entre l’intérieur et l’extérieur, comme un lieu de passage donnant accès au monde réel et à l'intimité.

La vision du paysage s’étend. Il apporte une attention soigneuse à l'arrangement des éléments dans chaque mosaïque d'images. Les effets d'ombres et de lumières, l'utilisation des lignes, la présence de brume, la mise en scène des objets, etc..., tout cela lui permet de constituer un ensemble harmonieux sur lequel le photographe projette son propre univers mental dans les périodes différentes. Chaque détail, comme chaque fenêtre, entre en relation avec le temps et l’espace. Chaque image évoque une résonance mentale avec les spectateurs et attire leur regard à la fois sur l’intimité des espaces intérieurs crée et l’attire vers l’extérieur et au-delà encore, dans le grand dehors.

2014“夢土”台灣法國攝影家國際展   

 

Lien: La Revue TK-21:

http://www.tk-21.com/Quand-Taiwan-devient-un-style

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